reponse à tout ---- 27 Sep 2023
 

Comment reconnaitre une bourgeoise à la caisse d'un supermarché ?

 

C'est une femme souvent entre deux ages. On la voit dans différents pays. Elle possède une manière de grain de poussière qui vient brouiller l'optique des usagers de supermarché, c'est à dire tous ceux pour qui les espaces du commerce forment des parcours matérialisés par du temps et des gestes, j'ai nommé ci devant l'espace-temps de la ménagère, celle qui doit agir de manière procédurale, rayon par rayon, produit par produit, mais penser la bonne synchronie quotidienne desdites choses à faire, laquelle si tout se passe bien, lui permettra de mener à leurs termes les activités simultanées qu'on lui demande, tandis que son compagnon, que ce soit un chien, un chat ou un homme d'affaires portant chausse et culotte d'apparat, occupe le rôle de celui qui, le soir, se demande pourquoi c'est si compliqué de ne pas oublier le sel dans la pâtée alors qu'il n'y avait en somme que deuzoutrois choses à faire, pas vrai ?
Cet exposé s'adresse donc aux employés du quotidien, qu'ils soient divorcés ou encore sujets aux critiques lâchées depuis le ciel. Apprendre à calculer en un clin d'oeil l'espace-temps que va voler la bourgeoise entre deux ages est d’un grand usage, je pense et c’est comme mémère par moi même, à la ramasse derrière mes caddies et mes cabas, logé dans un chateau de cartes où l’on compte et les pas et les courants d’air que je vais deployer tout de suite ici une entière analyse forgé dans le béton de la science.
Ce n’est pour commencer jamais un homme, l’être qui bouchonne soigneusement les caisses, à moins bien sûr qu’il s’agisse d’un vieux véritable, mais dans ce cas chacun voit bien de quel tremblement il retourne et quel genre de virage il faut faire pour éviter de se trouver sous l’arbre mort.
Il s’agit d’une femme, je suis formel. Mais pas la bonne femme que nous sommes tous, passé un certain stade d’échec et de découragement. Non il s’agit d’une femme spéciale qui affirme son dillettantisme ménager dans chacun de ses gestes et par chacunes de ses dorures. Pour la répérer de loin il faut se mettre dans sa vieille peau. Je suis parti au super marché pour acheter quelques bricoles, voilà ce qu’elle se dit, sur le principe. Comme je ne suis ni du genre à venir flanquée de sacs utiles ni du genre à élaborer un plan pour acheter des choses précises dans un ordre quelconque, je viens donc dans ma tenue légèrement excentrique, mélangeant le prosaïque improvisé et l’accessoire cher mais très calculé, et me voilà, je flotte quelque peu dans les rayons à la manière d’une fleur qui n’aura jamais fait caca ni seulement fait de l’ombre à une mouche. Un véritable fantôme des courses, arrivé là par hasard, qui avance en formant des trajectoires rondes et s’arrête ici et là pour attraper quelques objets d’un air lointain ou hautain, selon l’humeur, avec des précautions en usage chez les fantômes. Car les fantômes ne sont jamais certains d’avoir réellement prise sur les objets. Notons tout de suite que cette description n’est pas nécessairement compatible avec l’image qu’on se ferait de Maria Callas visitant le drugstore Saint Germain. Il peut bien sûr s’agir de ce genre de papillon si nous sommes à Paris ou à Rome, encore que plutôt dans un film désormais tant il est vrai que les employées moderne de la phynances et du gnagnasment ne donnent pas l’impression de chanter du Schubert dans leur tête, aussi bien, dis-je, la prise au sol du fantôme des courses peut s’avérer des plus massives et il peut donc s’agir d’une grosse dame, cependant attention ce sera une masse qui reste dans les clous de sa propre éminence symbolique.
De loin, on pourra observer le papillonnage et estimer le temps restant avant le prochain bouchon de caisse. C’est facile. Ce genre de personne ne va pas entrer pour acheter une unique chose car seuls les alcooliques ou les pauvres véritables achètent une seule chose. Elle ne va non plus rentrer pour acheter une quinzaine de choses car cela paraitrait trop organisé et puis de toutes les façons cette personne n’a avec elle qu’un petit sac peu commode qui se situe quelque part entre l’ornement et la blague. Mensonge misogyne tout de suite montre toi : seules les femmes qui n’ont rien à porter possèdent plusieurs sacs, tous plus incommodes et inutiles les uns que les autres. J’irai en prison, c’est entendu, mais je dirai la vérité.

Arrive le bouchon de caisse #

La scène du bouchon, on peut aisément l’anticiper. La femme entre deux ages flanquée de sacs d’ornement et toute voilée de mines empruntées au grand catalogue des demi dieux couroucés d’avoir dû descendre parmi les clients de supermarché, se tiendra dans une posture parfaitement dégagée par rapport au tapis de la caisse, exactement comme si la personne à la caisse était un officier des douanes dans un aéroport, les produits des colis suspects et elle une passagère occupée par ses projets lointains. Et puis on observera qu’elle ne cherchera en rien à remplir ses sacs approximatifs tandis que le tapis les lui transmet, au mieux les déplacera-t-elle avec quelques gestes caressant à un endroit qui ne procura aucun avantage positionnel. Pourquoi du reste ranger ces choses qui ne sont pas encore achetées ? Il convient d’abord de payer, c’est à dire, pour être exact, se réserver le choix de ne pas payer. Pour être plus exact encore, il s’agit de se réserver le choix de ne pas payer l’ensemble du panier et s’ouvrir ainsi l’opportunité de commenter la nature ou la valeur d’un ou plusieurs éléments eu égard à ce qui aura été affiché dans les rayons ou ce qu’on en aura pensé d’une manière générale. La personne se dissocie alors et du processus de paiement par accord tacite et de son allégeance faite à telle ou telle chose de basse condition. On remarque ce genre de personne au fait qu’elle ne va pas engager normalement un débat sur des produits de luxe qu’elle aura choisi, car le prix signale son accord de classe à ce qui a été produit pour elle. Non c’est la boite de sardine qui offrira l’élément déictique du doute, et c’est ainsi que POUR UNE BOITE DE SARDINE la personne de la caisse devra probablement appeler quelqu’autre employé présentement occupé , se dit on dans la file, à REMETTRE EN ORDRE LES RAYONS QUE CETTE DAHHME A DERANGE, en vue de faire repartir les sardines et leur boite à contre courant jusqu’à l’endroit où elle se trouvait, tranquille, avec la petite étiquette qui affichait pourtant clairement la présence de citron dans le jus, comme quoi quand on a le citron en hô - rreur, pas de lézard madame, bonne journée, meilleurs voeux, bien à vous, avec tous mes respects merci bonsoir. De lourdes minutes plus tard, le long serpent à lunettes qui se sera formé ci derrière aura l’honneur d’observer le jeux de piécettes terminales. Ce jeux consiste à lisser au préalable le paiement en ajustant l’échange mqonétaire de sommes qui permettent un retour nobiliaire sur investissement, c’est à dire que l’on donne moultes piécettes, dûment coincées dans des plis et difficiles d’accès, même avec des ongles parfaitement ronds et bien manucurés, cela pour recevoir ensuite des espèces prestigieuses. Ensuite seulement, sans avoir considéré un seul instant le paiement par carte bancaire, il est temps d’arranger les différents protagonistes de la crêche qui sont pour l’heure toujours prosternés respecteusement sur le tapis, qui dans le haut d’un sac cloche, qui dans un pochon en tissu indien, et s’il vous plait en procédant du plus petit au plus grand, ce qui ouvrira droit à une dernière interaction, sur le sujet de sac que le magasin magnanime saurait pourvoir afin que la dame puisse vraiment s’en aller avec ses achats, avec ses achats, avec ses achats, avec eux, elle avec eux, tout contre elle, quoi monsieur, que vous arrive t il, je ne vous permets p….
Je vous écris depuis la prison mais je ne regrette rien. La mayonaise bio, pour barbouiller les visages de bourgeoises entre deux ages, est idéale. La consistance est parfaite pour bien faire entrer le produit dans les narines et les oreilles tandis que la sardine se débat et puis elle facilite également la prise lorsqu’on empoigne le soutien gorge pour jouer à l’hélicoptère jusqu’à la vitrine, à la surface de laquelle, croyez le ou non, la consistance noble du produit permet de dessiner comme des arabesques… Comme je regrette de n’avoir pas pris une photo car celle de la police faisait trop ressortir le contraste entre le beige et le rouge, soit l’effet typique des téléphones portables modernes et cela, c’était tout bonnement dégueulasse.

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