l-actualité-comme-si-vous-y-êtiez ---- 01 May 2020
 

Non au déconfinement !

 

Maintenant que chacun peut voir à quel point le confinement est possible il faudrait laisser dans sa petit carafe se dissoudre quelques idées solubles dans l'avenir.

Prenons un exemple : sortir de chez soi n'est pas toujours la meilleure idée possible, d'une manière générale.

Ce qui importe en réalité c'est uniquement l'échange commercial de biens et de services. Le reste est futile.

Si ce n'était pas le cas, si par exemple les sociétés riches étaient préoccupées d'une autre forme de droit que celui des affaires, les guerres pour la défense de la démocratie auraient des allures moins ridicules. En quoi on peut affirmer que l'essentiel de ce que nous faisons hormis travailler à la fluidité des échanges de biens et des services, est futile.

Faisons donc la liste ensembles, si cela vous semble inexact. Gagnons du temps, je propose de commencer parce ce qui n'est pas du tout futile: sortir son chien et mourir. On ne peut certes pas rester longtemps chez soi avec un chien et un bouchon de champagne. Il est également devenu difficile et impertinent d'agoniser trop longtemps en compagnie d'un corps fuyant, même si vous avez l'impression de le bien tenir en laisse. Mais en dehors de ces deux exceptions, qu'est ce qui peut bien au fond vous autoriser à sortir de chez vous ? C'est le moment d'être clairs avec nous même les gars.

Ecartons d'un vaste revers de manche l'entièreté du vaste monde des objets qui peuvent être livrés. Au nom de la sauvegarde des intérêts supérieurs de la planète, je dois me faire à l'idée que toute circulation motorisée envoie des nuages funestes dans les limbes et que je vais finir comme une écrevisse en équilibre précaire sur le rebord fin d'une casserole bouillante. Donc si mon voisin commande une boîte de boules quies et moi un cornet à bouquin, un seul camion peut apporter l'ensemble et ainsi de suite pour tout l'immeuble. Commandions nous des éléphants par le passé ? Non bien sûr, nous allions plutôt au zoo pour voir l'éléphant et puis lézarder également dans les rayons cosmétiques pour lutiner bêtement des boites de boules quies, à la recherche de différences entre deux manières de fabrication, de couleurs, d'emballage. Sottises que cela. Sortir pour aller lutiner des boules quies, est ce noble pour un être humain dites ? Avant que tout soit gâché par le socialisme et les génocides, les gens de bien envoyaient Françoise chercher qui les boules quies qui des tampons de gaze chinoise pour feutrer les bords vulgaires de l'existence. Aujourd'hui il y aurait Kevin, Ali et Jacques Édouard, au volant de rutilants camions de livraison, immédiatement suivis de camions de police immédiatement suivis d'ambulances pour s'occuper de tous les cas de figures possibles de la vie confinée raffinée. J'allais oublier les bus de ramassage des ouvriers qui restent quand on a tout chinoisé, les berlines avec chauffeur pour les directeurs de manœuvres et puis voilà c'est à peu près tout ce qui devrait circuler dans des villes affectueusement confinées. Songez y, il n'y a que des avantages. La question des Zoos est réglée d'emblée par ce nouveau plan de circulation car les rues peuvent tout à fait accueillir zèbres et léopards pour peu que les établissements devenus inutiles tels que cafés et restaurants soient dévolus au soin des formidables bêtes. Qui n'a pas rêvé de voir passer un rhinocéros sous ses fenêtres en lieu et place de madame Guibole et ses remarques malfaisantes ? Chacun connaît quelqu'un en effet avec qui le partage d'une similaire disposition du cœur, je veux dire, entre les poumons, procure le regret de pareillement exister, je veux dire : dans les grandes lignes. Et puis songez, Français, au pesant problème de centre et de périphérie qui énerve tout le monde. Êtes vous au centre ceci, êtes vous en périphérie cela, personne n'est jamais content de sa situation dans la géométrie des sphères et c'est un jeu de billard infini que d'être français pour trouver sa place au côté du roi Soleil. D'un coup de mitard magique voilà l'aigre mécanique enrayée. Ce qui définissait le centre n'était ce pas la densité des lieux publics ? Si chacun se trouve au cœur un fin réseau de distribution de soupes variées, s'effacent et les centres et les périphéries. Tous le monde est à la fois partout et nulle part, personne et quelqu'un. JOIE !

Voila donc pour la vie quotidienne, avec ou sans chien.

Aurais je omis d'écarter quelqu'argument fumant ? Vous entendiez sortir pour prendre l'air ? Sortir pour aller rencontrer des amis ? Sortir pour trouver des partenaires affectueux et suce si affinité ? Sortir pour sortir ? Sortir pour voyager dans d'autres villes et d'autres pays pour rencontrer d'autres airs et d'autres partenaires affectueux et suce si affinités étrangères ?  Cela peut se comprendre. Vous ne vous sentez pas l'âme d'un punk à chien assigné à résidence qui devrait défendre son territoire dans un espace public livrés aux zèbres, aux flics et aux léopards. C'est très compréhensible, en réalité. Pourtant il faudrait que vous fussiez sourds aux réalités du nouvel ordre mondial pour croire encore à l'intérêt de nos petites distractions. Se reproduire n'est pas si difficile, aimer ce qui se trouve là est un gage de grande sérénité stoïque et quant à aller manifester sa prétendue différence dans des bars et des restaurants ici ou à l'autre bout du monde ah mais pardon réveillez vous, le monde est  à l'étroit, l'inconnaissable connu et tout ce que vous pourriez affirmer dans un bar n'enlèvera rien au fait que tous les peuples libres de cette terre rêvent plus ou moins de posséder une grosse bagnole dans le coffre duquel flanquer des produits inutiles pour la plupart, ou d'aller pareillement dans des bars pour raconter des histoires qui n'empêchent aucun koala de mourir dans les flammes , ni les abeilles de perdre leur latin. Triste topique n'est ce pas ?

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