Comment cuisiner les gens vaccinés ?
Avant d'entrer dans le vif de la recette de cuisine, quelques réserves méthodologiques et scientifiques sont nécessaires.
Pourquoi la consommation des gens vaccinés est désormais une posture acceptable ? #
J'entends déjà les chats de garde pousser des cris d'orfraies à la simple évocation d'une recette de cuisine dont l'ingrédient principal serait le vacciné. Pourtant les faits sont là, irréfutables et vérifiés par de nombreuses personnes appartenant à l'espèce sauvage. Les vaccinés ne sont pas comme nous et chacun peut le constater directement, même en respectant comme il se doit les gestes dits barrières. Je conseille du reste de respecter ces éléments de protection élémentaire à leur égard, considérant les nouveaux traits de personnalités et les mécanismes biologiques récemment acquis par ces vaccinés. Un certain nombre de signes cliniques devraient vous donner des garanties solides sur deux points, soit premièrement que les vaccinés n'appartiennent plus tout à fait à notre espèce sauvage, soit secondement qu'il est convenable de les capturer en vue de les manger.
Les vaccinés sont reconnaissables dans l'espace public à ce qu'ils vont et viennent librement où bon leur semble, bien souvent sans leur chapeau de protection contre les météorites et il y a dans leur regard une caractéristique fixité évoquant en eux comme un sentiment de supériorité, ce qui témoigne surtout pour nous d'un changement biologique intervenu à leur insu, quelques mois après l'inoculation du vaccin. Les études à ce sujet nous manquent certes mais les signes cliniques devraient vous suffire. Les vaccinés se déplacent un peu plus lentement que nous car ils ne doivent pas parcourir des kilomètres à la recherche d'un magasin ouvert aux sauvages ou d'un centre de despistage de la maladie des météorites. La fixité du regard et cette lenteur caractéristique peut suffire à vous indiquer la présence d'un vacciné. Cependant pour être certain d'être en présence de l'espèce, il convient d'effectuer une courte interpellation du sujet, à bonne distance, au moyen d'un appeau que vous pourrez fabriquer très simplement avec une ficelle, une clé et un pot de yaourt. Vous glissez la ficelle autour du pot de yaourt en prenant soin de former un huit au terme duquel un bout préalablement vernis de la ficelle doit passer par le trou de la clé que vous introduisez finalement dans une fente au sommet du pot. Approchez vous du vacciné à une dizaine de mètres et soufflez légèrement dans le pot de yaourt tout en faisant tourner la clé. S'il s'approche en riant c'est un des nôtres, s'il ne réagit pas ou peu, que vous ne voyez passer sur ses yeux bovins que des nuages et des brumes à ce moment là, alors c'est un vacciné et vous pourrez le capturer le coeur tranquille. Cette note méthodologique détaillée, souvenez vous qu' il est permis de consommer des espèces différentes de la votre. Dans l'immédiat vous pourriez argumenter comme quoi si les vaccinés sont capables de manger la même choses que nous, à savoir toutes sortes d'organismes, veaux, vaches, chevaux, cochons et bon nombre de fruits et légumes aussi, alors il parait étrange de les manger eux. Cela parait curieux en effet. Toutefois ce raisonnement comporte un biais. Si nous n'avons plus un accès complet à la chaine traditionnelle de transformation et de distribution desdits aliments, alors il est irréfutable que notre actuelle manière de manger dans les poubelles ou dans des centres clandestins détermine désormais un nouveau régime bio politique pour nous et la définition d'une espèce distincte pour eux. Le mieux est donc de placer les vaccinés sur le même plan formel que les veaux, vaches et cochons d'avant la crise des météorites. Eux mangent les animaux et nous, nous mangeons les vaccinés qui mangent les animaux. Tout est parfaitement dans l'ordre. Si nous élevons un peu le tapis topologique, on peut également souligner que ces êtres, abrutis par les vaccins et les consignes émananant des chefs du labyrinthe, perdent beaucoup de ce qui fit les riches heures de nos ancêtres biologiques communs. Dans l'ensemble il est donc prévisible que cette nouvelle espèce moins bien adapté soit sur la pente de sa disparition et que vous en mangiez ou pas cela ne changera rien, donc autant en manger et profiter de leur abondance actuelle.
Comment capturer un vacciné ? #
La plupart des vaccinés ne sont pas difficiles à capturer. Une fois déterminée la réalité biologique de la bête, il s'agit de la capturer promptement, pour ainsi dire dans la foulée, afin bien sûr qu'elle ne prévienne pas ses semblables avec son terminal de communication portable. Tous les vaccinés trimbalent un semblable terminal, puisque c'est l'élément qui leur permet de faire valoir leur droit de cité, acheter des choses, assister aux spectacles ou aux executions publiques par exemple. Je déconseille d'identifier les vaccinés par ce moyen cependant car n'oubliez pas que vous n'êtes probablement pas seul à la chasse. D'autres sauvages ont pris la précaution de se munir d'un tel appareil pour précisément ne pas attirer trop l'attention. Vous auriez vite fait de capturer un sauvage par mégarde, créant une confusion majeure, des attroupements, l'arrivé de la police et j'en passe. Je conseille aussi de commencer par capturer un seul vacciné avant de vous attaquer à des troupeaux. La capture de vaccinés groupés requiert beaucoup d'expérience et passe souvent par le détournement d'avions, bateau, trains dans lesquels il est difficile de monter et puis aussi la maîtrise des armes à feux, la connaissance de prises de karatés, bref toute une séries de techniques spécialisées qui débordent largement du cadre de ces conseils culinaires. Concentrons nous pour l'instant sur une capture unique. Donc voilà c'est assez simple. Un vacciné n'a peur que d'une seule chose, c'est qu'une météorite lui tombe sur la tête. Il sait que cela ne va pas arriver probablement puisqu'il est vacciné, toutefois les médias qu'il consulte sur son terminal et à la télévision dans sa maison (les vaccinés vivent souvent dans des maisons) font volontairement planer un doute sur l'efficacité de sa protection afin qu'il aille se faire innoculer de nouvelles substances qui protégent plus et même encore plus que plus. Donc la technique d'approche finale consiste à s'approcher du vacciné en faisant mine de suivre des yeux quelque chose dans le ciel. Prétendez d'un air inquiet qu'il vous semble apercevoir une météorite, qu'il faudrait vite vérifier que ce n'est pas le cas en consultant l'application tous anti météorites, ce qui vous laissera le temps d'ajuster le pot de yaourt et la clé d'un coup sec, tac. Vous aurez dès lors le contrôle du terminal et de tous ses QR codes pour passer toutes les portes nécessaires à votre retraite. N'en abusez pas, contentez vous de brancher le système de guidage vers la maison intégré dans l'application tous anti météorites ( dites maison à haute voix) et votre capture va normalement se diriger toute seule en marchant d'un pas régulier sur le chemin de sa maison, les yeux rivé sur le terminal. Vous n'aurez plus grand chose à faire si ce n'est attendre le moment propice, comme le passage près d'un bois ou d'un ravin, pour déployer un croc en jambe.
Comment conserver et cuisiner le vacciné ? #
Les conseils de stockage et de cuisine du vacciné varient selon que vous vivez plutôt au camping, dans une forêt, dans un arbre, au fond d'une grotte, à la montagne, sous un abris bus, dans un squat ou autre. Dans tous les cas il vous faudra trouver un endroit confortable pour préparer le vacciné et le portionner correctement avant son stockage soit dans un bain d'huile de couroube, soit en conserve tout simplement, quoi que la quantité ne justifiât pas toujours la mise en oeuvre d'une politique conservatoire. Presque tout est incomestible en effet et l'étape de préparation est par surcroît de la plus haute importance. En effet le vacciné reste toxique tant qu'on ne lui a pas ôté le venin vaccinal. Pour cela, préalablement à toute action éventuellement conservatrice, vous devez prendre soin de déposer une large bassine sous les incisives supérieures du vacciné placé à plat ventre sur un sol plat et propre, puis, au moyen de gants de vaisselle afin de ne pas vous blesser, il s'agira de tirer la tête vers le haut tout en pressant sur le bec. Normalement, une pression légère suffit à provoquer l'écoulement d'un liquide orangé dans la bassine, soit guère plus de 250 millilitres en général. Il ne vous reste plus qu'à détailler les rares bons morceaux de cet animal. On trouve des parties intéressantes uniquement le long des écailles dorsales où un bombement de muscle viendra aisément sous la lame du couteau. Vous pourrez jeter tout le reste sauf si vous avez besoin d'éléments de décoration ou de pièces originales pour caler une porte ou fixer un poteau d'angle.
La cuisine du vaccinée n'est pas très différente de celle du poulpe. Il est inutile d'entreprendre des cuissons compliquées tant il est vrai que cette chair ne se marie bien avec presque aucun condiment. Vous devrez simplement laisser tremper une nuit ou deux la masse récupérée dans de l'eau salée que vous changerez une ou deux fois. Il y en a généralement assez pour deux personnes ou bien deux fois un repas, parfois moins. Avec un peu d'expérience dans la chasse, vous serez en mesure de proposer un repas plus fourni. Cela dit le vacciné n'est pas non plus un met des plus rares. Cela oscille entre le roboratif et le bourratif, selon les effets secondaires observés généralement dans la littérature culinaire. Donc bref une simple persillade arrosée au dessus des émincés, quelques minutes saisi au grill et vous pourrez servir accompagné d'un verre de jus d'airelles par exemple.