Est il raisonnable de devenir surfeur professionnel ?
Le mieux pour répondre à cette question terrible est de regarder avec soin et discernement des documentaires sur la vie des surfeurs professionnels.
Sur le papier, devenir un surfeur professionnel, ainsi que je me suis dit ce matin dans mon lit avec comme perspective un dimanche immédiatement collé à un lundi matin, lui même indémelablement (<= alerte nouveau mot) collé dans le papier peint rance de l'existence laborieuse, c'est ce qu'il faut. Parce que voyons, partir à l'autre bout du monde pour regarder des vagues et les classer dans des catégories de manoeuvrabilité, puis monter dessus et ensuite faire des commentaires sur comment la vague était, par rapport à d'autres vagues surfées précédemment, ici, ailleurs, eh bien cela brasse suffisament d'air et d'eau pour ne pas faire trop de différence avec la stupidité des métros à prendre, des courses à faire et ce genre de choses, simplement voilà, à la plage, à l'autre bout du monde, également stupide mais au soleil, à se regarder les biscotos devant des femmes plantées devant des écrans qui mangent des chips en regardant mes biscotos qui luttent contre des vagues mythologiques ou mythiques ou je ne sais quoi, cela dépend des adjectifs à la dispositions des journalistes spécialisés en vague.
Alors j'ai regardé deux films de surfeurs. Dans les deux cas un homme seul est suivi par une caméra qui filme, un peu à la manière des films pornographiques, ou bien l'homme qui surfe ou bien l'homme qui se déplace jusqu'à la vague ou bien l'homme qui commente les choses selon les deux possibilités qu'il a dans sa vie, ou bien retourner à la vague ou bien parler du retour de la vague. Soudain je me suis donc projeté dans ma nouvelle vie de héro biscoto des vagues. De toute évidence, tout comme dans les films pornographiques, ce n'est pas vraiment l'homme avec le surf qui décide des partenaires ou des positions ou même de l'ordre des positions. Quand il parle, il doit dire qu'il a eu beaucoup de plaisir mais qu'il doit partir cependant pour essayer un nouveau rouleau. Pourquoi jeune homme se pourrir la vie ainsi ? Dans un des deux films, on voyait le surfeur sortir d'une cabane au bord de la plage et se diriger vers les vagues avec un naturel achevé. J'en étais à parier qu'il avait en réalité dormi dans l'hotel le moins cher du coin et baffré un musli international servi par un esclave à la petite semaine, que le producteur lui avait mis la pression sur le chemin du cabanon pour réussir son tube avant l'heure de plier les cannes, les dollars, de retourner à l'aeroport, d'envoyer un mail rassurant au service publicité de la marque de caleçon qui voulait que la vague soit verte pour booster comme qui dirait la production des pour ainsi dire caleçons-évasion, production sise dans des ergastules au Viet Nam où des enfants dorment à même le sol et prendront des coups de taloche si la vague s'avère bleue.
D'où il convient d'admettre que la vie de surfeur professionnel ne me convient pas. Tant qu'à faire d'être une bête de surf, je préfèrais être une star du coït, tant il est vrai qu'on gagne parfois du temps fréquenter des êtres sensuels disponibles non loin de chez soi plutôt que de regarder des films à deux francs et se figurer des incongruités pour arriver à son terme, les lagons bleus, la vague qui monte, tout entière disponible, offerte telle qu'elle, sans condition, là, tout juste à la sortie du cabanon. Non, prendre le métro, arriver au studio, voir l'être de tous les désirs en train de branler son téléphone pour lui faire couler du jus d'insta, lire le script, l'executer, terminer l'affaire, repartir avec la paie pour regarder des trucs seul chez soi à la télé, voilà beaucoup mieux. Donc en résumé j'ai le profil pour le poste de surfeur professionnel, enfin, je veux dire, sauf pour la pratique du surf, mais cela ne convient pas et je pense que cela ne devrait convenir qu'à peu de gens sur cette terre, des misérables qui ont raté normale sup et ce genre de choses. Avec le métier de premier ministre, cela fait deux options bouchées pour ma carrière professionnelle, mais je tenais à noter ce fait qu'il n'est pas concevable d'être un surfeur professionnel.