du canon jusqu'aux pétoires
Attention voici qu'arrive la minute de musicologie avancée. Il a fallu toutes ces années pour me poser une question à laquelle tous les musiciens ont probablement répondu dès l'age de 15 ans : quelle différence cela peut bien faire qu'un schéma musical soit défini dans une tonalité plutôt qu'une autre si les rapports harmoniques sont, après transposition, exactement les mêmes ? Est ce qu'à l'image des restaurants qui servent simplement des pâtes à des gens riches en pratiquant des tarifs pauvrifuges, les compositeurs qui établissent leurs rapports harmoniques en fa dièse mineur le font pour exclure les miséreux diatoniques ? Ou bien serait ce que vraiment on peut s'entendre collectivement sur la couleur spécifique d'une tonalité et que de cette sorte ma question serait aussi absurde que de demander qu'elle différence il y a entre une photo et une photocopie de photo ? Le jaune citron du si d'après moi a t il pour mon voisin de palier le même piquant ? Le bleu franc du ré met-il vraiment tout le monde d'accord ? Parce que si ce n'est pas le cas, considérant l'humour du diapason et le sérieux des musiciens alors je ne vois pas bien ce que les hauteurs en elle mêmes peuvent bien avoir comme lien avec leurs rapports.
Ou alors c'est l'inverse. Si je de - essentialise la fréquence comme expression culturelle c'est à dire produit dérivé de la synesthésie des familles pour ensuite la réessentialiser mais cette fois sous un rapport enharmonique avec LE MONDE MYSTERIEUX DES ONDES, je me dandine fiérot vers ma découverte de l'eau chaude et j'attends ainsi de trouver la bonne combinaison de son qui me permettra d'atteindre la vibration qui, dit on, active tout de suite la pratique du surf sur l'espace temps. Il faudrait mieux qu'il en soit ainsi car autrement ça ne vaudrait pas spécialement la peine que je sorte ma flute et que je danse comme un trou de balle sur la pierre nue d'un temple grec inondé d'un soleil cru, ou ce genre de rôti. J'ai lu en effet que la matière est vide et qu'elle a lu aucun livre. En fait de balonnement c'est que des rayonnements. Tout ce que je peux faire avec le haut de mon tube digestif savamment détourné pour les besoins de mon bavardage sur les couleurs, qui n'existent pas en dehors de leur nom, c'est totalement inopérant pour exprimer mon accord avec le MONDE MYSTERIEUX DES ONDES. Faut sortir les binious, les cornets et les trombes marines, sinon ça ne marche pas. Ah, et aussi il faut sortir les tambours fabriqués avec la peau de bêtes sacrifiées à cette fin, pour que mortes et tannées, ces bêtes puissent enfin servir à quelque chose dans le plan cosmique que leur évolution molassonne ne leur aura pas permis de comprendre, à ces quiches. Heureusement les singes variés y sont parvenus et l'accord universel est proche. Au lieu de calculer des variations de hauteur, des contrepoints, des dynamiques, des strettes de toutes sortes comme certains primitifs allemands, nous, les vrais singes, on tambourine, on cornemuse, on hulule, on canonise et voilà l'espace et le temps sont pliés, on meurt contents.
Je dois être buté. Sourd. Fermé. Allemand. Perdu pour les shamans.
Maintenant la question musicologique de haute volée suivante c'est pourquoi les séries de JS Bach gardent une valeur d'ensemble augmentée par la symétrie de leurs parties alors que cette symétrie est réputée vaine. Pourquoi le croisement de ces exercices en apparance stériles parvient à combler une sorte de vide, une autre forme de vide que le silence j'entends. C'est un peu énervant à la fin qu'une chose aussi laide et inutile que la musique puisse ainsi deborder de son cadre minable et former des images polyphoniques in absentia pendant que je me brosse les dents. Il va me falloir remettre cette question à plus tard.