necro-poesie ---- 19 Aug 2024
 

Malin Frelon reçoit le fromage national

 

Donc ai-je reçu un coup de fil. Mais le téléphone n’a sonné qu’à mon réveil alors que j’avais déjà raccroché. Comment cela, c’est du tout cuit ? Qui ça vous dites ? Je crois, c’est comme ça que j’avais dit. Pourquoi on ne se tutoie pas au fait ? Enfin quoi bon, j’ajoutai que je comptais plutôt faire un petit tas de morts confortables avec par exemple le trépas de Cantine De Neufle et d’autres papillons dans le même goût, qui ont en commun d’avoir été élevés au rang de monument rational de facto presto tout en présentant toutes les caractéristiques marmoréennes de l’ennui, de l’inexpression, du vide sidéral entre les oreilles. Mais puisqu’on me réveille, je vais élaborer une belle théorie du succès populaire au cinéma. Que ces morts crèvent, je ne suis pas d’humeur à leur tirer le portrait pour ce seul prétexte. II est donc mort Malin Frelon, après avoir demoli un petit chateau classé monument historique et à part ça tourné dans des films aussi inutiles les uns que les autres. Donc petit un s’il est vrai que personne ne regarde autour de lui dans la ville avec attention, comme si tout était normal, comme si tous ces singes emballés dans des cotonnades qui vont et viennent en agitant les bras comme un balancier ne faisaient pas exactement comme au zoo leurs cousins, alors on peut croire que personne ne va voir qu’il y a dans un film quelque chose qui se trame en dehors des personnages principaux. D’où il advient, petit deux, que la valeur populaire d’un film est inversement proportionnelle à l’absence d’expression de l’acteur connu, car cet acteur par conséquent crève l’écran avec sa gueule toujours la même et l’on ne verra pas qu’Alfred Hitchcock chevauche une girafe dans le fond ou du moins si on le voit, c’est indifférent.
Et voilà clos le débat sur le cinéma sans plan séquence, c’est à dire, sans conséquence.

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