Etats d'ame chez les robots
Déboucher les éviers avec un serpentin enroulé dans une boite en plastique ronde surmontée d’une manivelle est ma seule victoire complète sur le reste des humains. C’est même peut être la seule victoire complète de l’humanité tout court , avec le fil à couper le beurre bien évidemment. Cela dit il faut poursuivre en parallèle la vie de ces folles involutions du même sous forme de programmes d’intelligence dite artificielle qui remontent à la surface des peuples et créent des bouchons dans leurs têtes apparemment. Le grand remplacement a commencé qu’ils disent à la radio. Tu vas plus pouvoir finir d’ouvrir ta bouche que tout de suite une machine aura fini ta phrase. D’ailleurs elle sert à quoi ta phrase si toi tu sers à rien, hein ? Et ainsi de suite. Alors voilà pas que la rédaction au grand complet, soit le serpentin à déboucher les éviers flanqué de son pilote, s’est penché sur le cas du prix Nobel de physique de l’an dernier, inventeur officiel des principes de réseaux neuronaux informatiques et ses affirmations comme quoi il n’y a pas de raison de croire que les programmes installés sur un oeil et une patte n’auront pas une conscience.
Passons tout de suite à la conclusion.
Dans la philosophie insulaire les philosophes continentaux sont accusés de croire que les bruits qu’ils font avec leur bouche suffisent à élaborer des problèmes suffisament intelligents pour commencer à réfléchir qui à ce qu’il y a ou à ce qu’il n’y a pas, par exemple. C’est pourquoi ces gens, passant à côté probablement du sujet, ont entrepris l’étude de l’objet. Il y a donc fort à croire que lorsque des chercheurs tels que Geoffrey H. entreprennent de réfléchir aux monstres qu’ils inventent, ils ne voient pas non plus que le sujet puisse avoir le moindre intérêt. Considérant les présentes conditions de possibilité qu’une telle personne puisse affirmer que les programmes avec des capteurs et des modèles d’apprentissage ne fassent pas de différence fondammentale avec ma cervelle, il faut descendre du monde des serpentins d’évier et étudier cet argument. Techniquement je suis en effet une machine à recevoir des percepts que je traduis en action. Je ne perçois pas tous les chemins qui vont du percepts à l’action mais je peux me définir au minimum comme celui qui fait ceci en percevant cela. La machine de son côté arriverait au même résultat, soit une action à partir de capteurs ou percepts simplement par d’autres chemins que mes circuits de raisonnement organique. Jusque là pourquoi pas, en effet. Mon bras est aussi un système de cables qui fléchissent avec des impulsions électriques, ce qui me donne des pouvoirs divins en vue du débouchage d’éviers. Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet me semble t il, c’est seulement que nous partageons entre humains une histoire des percepts, devenus des affects et que ce n’est pas la technicité de ces affects qui forme la raison d’être de ces affects mais l’usage intelligent que l’on en fait, soit un concept. Pour que ces gens ne comprennent pas que c’est cela la différence principale avec une hypothétique machine raisonnante, il faut que probablement ils n’aient pas conscience eux mêmes de l’existence de cette dimension, du caractère techniquement indifférent et historiquement arbitraire d’une organisation de pensée. Donc les anglais sont des robots, maintenant c’est certain.