Papa Boulez
Parmi les vertus les plus douces de la métempsychose comme idée il y a l'idée qu'elle ne s'applique a rien, nulle part et à personne. Cependant une chose me tracasse, dans mes rapports avec Pierre Boulez. Il a été dit qu'au moins Pierre Boulez, on pouvait être sûr qu'on n'allait pas le confondre avec un mec qui s'appellerait par exemple Pierre Martin, auteur du Martin sans maître, qu'on allait pas se dire, en le croisant, l'un ou l'autre, qu'il nous rappelle quelqu'un et ainsi de suite avec les pensées banales que chacun connait je crois. L'impression de déjà vu, j'imagine que c'est un reflexe psychologigue à notre disposition pour nous affirmer à nous même qu'une expérience pourtant unique s'est reproduite une nouvelle fois, ce qui soulignerait ainsi le caractère mystérieux de l'unicité, soit le rapport secret et universel entre des points uniques de notre existence. C'est pour ne pas percevoir qu'il s'agit de l'inverse, que ce que nous prenions pour unique est par sa répétition, parfaitement anodin et de fait parfaitement vexant. Des vexations naissent les mythes. Il se noie à dix mètres du bord de la plage dans un rafiot mal fichu, tac c'est la preuve de Poséidon. Bref. Donc on peut se dire, qu'avec Pierre Boulez, on est tranquille. On est pas tranquille là ? Eh bien j'ai pas reçu le carton d'invitation à cette fête globale du non rapport nécessaire à Pierre Boulez. Tandis que partout des gens se déhanchent sur des musiques à mètre constant avec des bouchons dans les oreilles (ai-je appris) et habillés comme bon leur semble c'est à dire comme il se doit, et que tout, absolument tout, n'a aucun rapport avec Pierre Boulez, voilà que moi, j'ai un gros problème: Pierre Boulez a la gueule du type avec qui la femme qui m'a eu a écarté les jambes pour le me tirer au sort, supposément, quoi que je pencherais plutôt pour un accident dans l'ouverture soit du parachute soit des jambes ( tant il est vrai qu'on peut en faire, des conneries ). Et donc déjà en âge de comprendre que les vrais punks ne sont pas des hommes qui disent vous pisser à la raie, j'ai découvert dans une pochette de CD ( note: le CD est un objet rond qu'on place entre pouce et le majeur pour faire de la musique avec un appareil également oublié) la photo de Pierre Boulez tenant en joue un orchestre tandis que son sosie était dans le salon en train de regarder la télévision et puis il faut dire pas du meilleur cru. La même gueule de crapule et la même tentative là, pour étaler cinq poils sur le haut du crane. De là, la question : qui est la référence de qui lorsque l'une des références fait des blagues sur le thème du morceau de pain qu'on ne peut pas finir quand on n'a pas un autre bout de fromage lequel, plus tard, on ne peut pas finir si l'on a pas un autre bout de pain et ainsi de suite, Zénon de mes couilles ?
Et est-ce Pierre Boulez qui empiète sur la réputation de mon père ou mon père qui empiète sur les répétitions de Pierre Boulez ? J'ai pas beaucoup de temps, je vais aller directement au BUUUUUUUUUUUUUT ! Il se trouve que j'aime bien Pierre Boulez, à cause qu'il a produit de la musique très sexuelle. En quoi je serai enclin à pardonner un peu les misères caractérielles de Pierre Boulez à l'aune de l'inachèvement manifeste de mon père ni fait ni à faire. Il faut que chacun comprenne, enfin, surtout moi, que ce n'était pas tous les jours facile pour Pierre Boulez, considérant mon père, d'être équanime avec les gens autour de lui. Il aurait peut - être du aller voir un psy, Pierre Boulez, afin de comprendre quel lourd héritage de médiocrité il avait reçu par le truchement d'un homme tel que mon père, et particulièrement par mon père directement, j'ai nommé ces légions pléthoriques de personnes qui ricannent quand on passe de la musique sexuelle ( j'écris sexuel pour mon psy du futur afin d'occuper son structuralisme ) mais qui ne s'attendent à aucun mépris en revanche quand on les voit s'élancer dans le ciel du salon les bras en l'air en hurlant quelque chose de pas clair et tout cela pour cette la raison que la baballe de quelqu'un a pénétré l'embut de quelqu'un d'autre.