Histoire du covid 19 au 21ieme siècle.
Histoire du covid 19 au 21ieme siècle. #
Nous allons ici élaborer une description valable du phénomène social lié au pathogène sars-cov 2 du point de vue de son futur.
Que le lecteur de 2100 m'excuse pour la désuétude du style provenant d'un auteur qui a cessé de croire à quoi que ce soit en 2010. On aurait aimé adopter le style du tractatus philosophicus du fossoyeur autrichien que l'on sait, mais la sécheresse élégante manque à notre panoplie d'expression. Le destin est cruel.
Alors disons que la pandémie de covid 19 est la conséquence d'une infection des êtres humains par le virus nommé sars-cov 2, lequel appartient à une famille bien connue de coronavirus, lequel a pour caractéristique épidémiologique de présenter une contagiosité inversement proportionnelle à sa virulence. Cette virulence est statistiquement comparable à la grippe saisonnière si bien que la léthalité du pathogène se situe entre 1 et 2 pourcent des personnes infectées. Les victimes du pathogène sont à plus de 99% des personne très âgées et ou présentant des problèmes de santé préalable importants. Toutefois la primo infection, c'est à dire le contact avec un pathogène inconnu de l'organisme, conduit un pourcentage minime de personnes jeunes et en bonne santé à développer des réactions immunitaires excessives conduisant à des pneumonies graves et mortelles de manière presque certaine en l'absence de prise en charge hospitalière.
Cette pathologie globalement bénigne sur le plan strictement médical a cependant, par sa contagiosité, déconstruit les organisations sociales en place pendant les années 20. Environ 50 ans après que furent posées les bases d'une désactivation de toute pensée politique par le truchement d'un systeme d'organisation non seulement capitaliste mais libéral voire ultra financier, toutes les sociétés dites développées se sont trouvées avoir en commun au moment de la pandémie les éléments suivants:
- une masse considérable de pauvres présentant des maladies chroniques en raison des conditions de vie précaires et de la nourriture industrielle dont les effets sont délétaires à long terme
- un système de santé tout à la fois sous financé, organisé selon des logiques de marché dans sa gestion des coûts de fonctionnement et en même temps suffisamment régulé pour assurer une rente de situation à des industries privées
- un corps politique devenu une coquille vide déconnecté du pouvoir réel, qui se livre généralement à des simagrées publiques en vue de recueillir une sorte de consentement global sur des sujets sans rapports avec la marche des choses, le tout en appliquant les recommandations libérales des sphères économiques les plus puissantes.
Dès les six premiers mois de l'épidémie la réalité épidémiolgique et médicale était connue dans les grandes lignes mais la décision politique généralement occupée de rhétorique et de divertissements s'est trouvée dans cette situation imprévue de devoir considérer publiquement un problème réel. Le problème réel tenait principalement à l'incapacité des systèmes de santé à accepter un afflux massif mais très ponctuel de malades. Des sociétés entières, berçées d'idée générales et de principes supérieurs tels que la démocratie et l'égalité n'étaient plus globalement capables d'admettre un épisode de fatalité collective qui aurait vu soudain des millions de gens faibles ou malchanceux mourrir en quelques semaines pour que quelques milliards d'autres puissent dans le même temps continuer à vivre, ni même de réactiver le lieu d'un débat sur l'intérêt général à partir d'une question qui ne peut être qu'un dilemme. Pour contourner cette difficulté, la plupart des gouvernements, flanqués par l'ensemble des médias et parfois soutenus par des cabinets de conseil poursuivirent, dans leur grande majorité, la ligne générale qui était intellectuellement la plus douce pour les masses mais aussi la plus défavorable pour les intérêts de tous. On exposa partout des chiffres grandioses sur le nombre de morts ou de cas de contamination sans faire aucune correlation avec d'autres périodes, d'autres maladies, de la même façon qu'étaient exposés le nombre de morts dans des accidents automobiles sans parler du nombre de trajets en automobile, tant et si bien qu'on ne mit jamais en rapport, par principe, les conséquences d'un confinement généralisé avec les conséquences d'une diffusion du virus pour la partie de la société la plus faible ou la plus malchanceuse. Procéder autrement eut sans doute constitué l'aveu d'un échec complet du système de soins. Fussent des millions de gens morts sans soins alors que les hopitaux et la science existent comme principes et le personnel politique eut pu craindre une révolte, la fin de ses privilèges voire un éventuel retour des organisations sociales provenant cette fois du bas l'échelle.
En outre la coercition des peuples arriva pour une partie des hommes politiques comme une aubaine, c'est à dire un moment de suprématie retrouvée dans un monde où ce pouvoir est limité à la police et à quelques ajustements réalisés avec la petite partie de l'impôt qui n'est pas détourné dans des paradis fiscaux. De vastes opérations de police et autres ruptures des droits à la liberté individuelle furent menées en dépis de toute raison, pour assouvir un gout nostalgique pour le pouvoir tel qu'il était exercé au sein des états nations avant la grande rupture intervenu après la seconde guerre mondiale.
De plus cette coercition se révéla également providentielle pour l'ensemble des milieux dit économiques, contrairement aux idées reçues de l'époque qui parlaient de crise économique globale. En effet, loin d'affaiblir les intérêts des groupes établis, le confinement généralisé des populations eut pour conséquence salutaire de faire disparaitre la plupart des petites entreprises indépendantes, ouvrant ainsi de nouveau marchés aux entreprises très concentrées et ou entretenues par des entités financiaires florissantes. Qui plus est, l'affaiblissement général des finances dites publiques, dû au soutien de entreprises de taille intermédiaire, permit aux derniers décisionnaires mandatés publiquement de justifier de nouvelles périodes de réduction des budgets publics puis la lente disparition des services sociaux collectifs tels que l'école, l'université, la justice, l'hopital ou les retraites en faveur de régimes dans un premier temps mixtes puis totalement privés.
Au début des années 2030, un nouveau système de coercition politique se mit ainsi lentement en place à la faveur d'autres formes de virus consécutifs à la fonte brutale du pergélisol et autres bouleversements climatiques et biologiques majeurs issus de l'exploitation industrielle des ressources naturelles. En l'absence de toute forme d'organisation sociale collective observable et de protection sociale ou juridique quelconque, un régime démocratique planétaire fut instituée sans qu'on puisse dire quand ni où, en vue, nous citons, de "sauver la planète" et d'instituer, nous citons encore, "un marché commun global, sûr et perenne pour tous". La liberté de circulation fut abolie pour des raisons sanitaires et écologique et une classe d'homme politique nouvelle, hyperconnectée, très jeune, la plupart issue des groupes de direction de ce qu'on appellait au début du siècle "les réseaux sociaux" organisa spontanément un régime de vote et de référendum permanents portant sur tous les sujets généraux de la vie quotidienne, particulièrement sur des questions liées à la consommation et aux médias et non pas sur la désindustrialisation des ressources, encore possible à l'époque ( mais plus impopulaire encore que la coercition politique ). Le vote permanent, gratuit et anonymisé fut rendu de facto obligatoire car conditionné au versement d'un salaire par le réseau internet ou à l'accès aux magasins d'alimentation, aux hopitaux, aux formations etc Les derniers services de police furent également dissous courant des années 2030 avec la mise au vote des déplacements des voisins par les voisins. Lorsqu'un groupe social isolé se rendait ainsi complice d'une action collective répréhensible pour le bien de la communauté dite globale, selon des critères définis par le vote moyen de la communauté dite locale sur un sujet quelconque alors le premier contact d'un élément déviant avec un représentant de la communauté locale dite moyenne suffisait à désactiver les ressources de tous les membres du groupe déviant. Ce principe, issue des recherches conjointes sur le développement des cancers dans les organismes et de l'intelligence artificielle appliquée aux réseaux neuronaux informatiques, mit fin à toute forme de guerre, de nation, de loi et de contestation. Seul le suicide, par absence de ressources, par l'impossibilité de sortir, de se nourrir, de se soigner constitutait une acte négatif encore possible.
On peut donc affirmer que la pandémie liée au covid 19 fut déterminante dans l'élaboration du nouvel ordre mondialisé des années 2040. C'est dans un monde ainsi pacifié et enfin réuni comme communauté invisible, intangible, universelle, que nous sommes arrivés, selon les archives de la fédération que nous avons consulté en vue de l'élaboration de ce plan de travail. Il semble que nous étions passés une première fois lorsque les êtres humains étaient de minces nomades et nous les avons retrouvés casaniers et pour la plupart obèses, malades, ignorants et incapables. Pour une raison peu claire, non mentionnée dans les archives, notre dernier passage stérilisa par erreur l'ensemble des femmes de ce monde. C'est ainsi, sans verser une goutte de sang, que nous avons pu récupérer un peu de minerai, 80 ans plus tard. Quelques vieillards alcooliques trainaient encore là et n'opposèrent guère de resistance car ils ne comprirent pas vraiment ce que nous étions. Ils furent atteints d'un banal syndrome religieux à l'égard de nos machines de forage. Bref, j'insiste donc sur l'intêret que présente l'extraordinaire réussite d'un seul pathogène bénin dans la disparition complète des organisations sociales de ces peuples brouillons, et avec cette disparition celle de l'espère entière et cela quand bien même nous ne nous étions pas intéressés aux minerais de ce monde. Il est frappant d'observer _ c'est l'objet fondammental de cette recherche _ le paradoxe qui existe entre les effets limités du pathogène initial la connaissance avancée de la situation que possédait l'espèce humaine et l'illusion collective complète et durable qui a permis à une oligarchie préexistente d'établir une dictature douce sans user de la moindre violence, cela au lieu d'être balayé par ce que le pathogène aurait pu révéler au sujet du fonctionnement de ces sociétés à elles mêmes. Nous espérons par la présente recevoir des crédits supplémentaires pour ouvrir un nouveau terrain de recherche sur les traces laissées par l'espèce humaine.
Nous sommes défavorables à votre demande de crédits de recherche. Un autre étudiant en exo éthnologie a déjà obtenu une authorisation de conduire et publier une recherche très proche de votre sujet. Le titre de la thèse était "La conduite religieuse des hominidés au moment de leur disparition" et consistait principalement à établir une synthèse éthnographique des conditions de disparition autoréflexive desdits hominidés au moment de leur découverte concommitante de la disparition des martiens, également hominidés. Les preuves de vie passée sur Mars, en effet, leur fut apportée vers le milieu des années 40. Cette approche nous parait bien plus pertinente car elle établit un lien intrinsèque entre d'une part l'incapacité fondammentale de ces sociétés primitives à l'autotélisme et d'autre part leur mise en contact avec des preuves lointaines de cet échec. Nous vous authorisons à vous mettre en rapport avec l'auteur de cette thèse en vue d'une éventuelle collaboration. Nous attirons cependant votre attention sur l'immensités et la grande variété des sujets d'études dans le domaine qui semble vous intéresser et nous vons invitons à considérer plutôt des civilisations disparues plus évoluées et en cela plus susceptibles d'apporter des connaissances valables pour nos prochaines colonies. Nous avons bien conscience de ce que les hominidés constituent actuellement un sujet à la mode chez les jeunes exo éthnologues mais nous vous rappelons, comme à tous ceux qui sont tentés par ces études un peu faciles, que personne, dans les quelques centaines d'années passées, n'a juger bon de s'attarder sur les hominidés de quelque point de vue que ce soit. Nous n'avons même jamais chercher à établir le moindre contact.