Comment l'Uchronie a fini
Cela avait commencé par une interdition qui fut faite aux citoyens Rastaricains d'effectuer des virements bancaires vers tout pays belligérant qui ne serait pas du côté du gouverment des Rastas Unis après que celui ci eut pris le contrôle complet du pays.
La guerre de pacification menée par les Krusses faisait rage désormais sur une ligne qui s'étendait de la Moldapie jusqu'au Nord de la Pognole. Les colonnes assaillantes partaient de l'Uchronie conquise vers le Nord et le Sud avec en première ligne de chaque front des soldats Uchroniens prisoniers, lesquels disposaient maintenant d'une grande liberté de choix entre être tués par des Moldapes ou des Pognolais qui se trouvaient devant eux ou bien par les Krusses qui se trouvaient derrière eux, le plus souvent d'une balle dans le dos. Les Uchroniens en effet étaient de toutes les manières des âmes mortes qui ne comptaient pas du point de vue des Krusses, quant à eux de plein droit titulaires de la bonne langue et des bonnes manières. Aussi quand la balle que l'on souhaitait tirer dans le dos d'un Uchronien refractaire venait à manquer, on se contentait de le décapiter avec un sabre, comme ça, d'un coup sec, pour que ça fasse propre et civilisé. En Krussie, il faut dire, quand on s'avisait de couper du fromage dans des services en porcelaine fleurie, on avait coutûme de trancher le fromage d'un geste unique et franc avec un couteau particulièrement grand et lourd, ce qui explique également qu'on commençait les repas par le fromage considérant la Vodka, les doigts etc
De leur côté les rastaricains ne manquaient pas d'efficacité non plus car ils avaient mis en place un système d'avions et de satellites d'observation qui leur permettait tout à la fois de cartographier les zones d'extraction du minerai rare dans les zones de libre échange pacifiées et de suivre la position des adversaires sur tous les fronts, si bien que les soldats, quand ils avaient encore l'entiereté de leur tête, visaient bien plus juste.
Les choses allaient donc bon train, avec des brouettes et des pioches pour enfouir dans la terre les ennemis de la paix ramassés au bord des chemins et puis des brouettes et de pioches pour ramasser le minerai rare.
Cependant cette activité intense avait également dispersé les forces pacificatrices du gouvernement des Rastas Unis chez eux : il leur avait fallu 3 mois pour découvrir que les sporadiques mouvements de résistance qui se formaient ça et là quand le chef des Rastas Unis décidait par exemple d'une ratonnade ou de l'emprisonnement d'un journaliste, s'étaient en fait organisés en secret pour mener des missions de soutien financier au gouvernement Uchronien en exil. En direct à la télévision, un soir, le président Pompe était monté donc sur une estrade dorée et avait gongflé ses joues toutes rouges. Ils allaient voir ce qu'ils allaient voir, ces mauvais rastaricains là, à miner ainsi les efforts grands et superbes de la belle et meilleure nation qui ait jamais existé dans toute l'histoire. Ils seraient comdamnés de la plus directe des manières par la plus haute cour de Justice du plus beau, beau pays.
Les virements bancaires furent donc interdits, les auteurs condamnés à promener les chiens des bons Rastaricains aux abords de terrains de golf. Il s'était construit en effet pléthore de ces terrains et les chiens y étaient interdits car susceptibles d'endommager les surfaces. Qu'ils grattent un peu avec leur museau à la surface d'un green et c'était une catastrophe. Que le chien soit gros ou petit, jeune ou vieux, éduqué ou pas, cela ne changeait rien à l'affaire car tous les chiens ont ceci de particulier qu'avec leurs pattes avant, arrière ou leur museau, ils grattent souvent les choses autour d'eux, avait on remarqué en commission spéciale. On avait donc construit des petites cabanes avec de la nourriture pour les condamnés et pour les chiens, souvent la même, de telle manière à permettre aux golfeurs de confier les chiens en arrivant et de pouvoir ne se préoccuper ensuite de rien.
Le gouvernement des Rastas Unis ne se méfiait donc pas du tout quand les gardes côtes de l'Atlantique signala 2 navires inconnus se dirigeant à grande vitesse vers Virgina Beach. Comme on avait observé à la jumelle qu'ils s'agissaient de bateaux de plaisance sportive surmontés de grands fanions MAGA rouges et noirs, on attendit qu'ils furent arrivés au port pour leur demander quelques comptes, ce qu'il fut impossible à faire par radio en raison d'un brouillage persistant des ondes et impossible également à faire en personne car l'employé du port, soit le seul des 23 à n'avoir pas été renvoyé pour faire des économies, eut seulement le temps de lire ce qu'il y avait écrit sur les fanions rouges et noir, tandis qu'une flèche hypodermique transperçait silencieusement son épaule et le plongeait dans une narcose immédiate, les bras en croix, allongé sur le quai, un chapeau dans une main, un téléphone posé dans l'autre, la main ouverte vers le ciel, comme pour un salut. Les plaisanciers présents ce matin là, habitués qu'ils étaient aux frasques maritimes des gens riches, aux hors bords, motos nautiques, jet ski à roulettes, à moteur, à plume avec ou sans drapeau, peau de castor, peau d'ours, fleche ou fusil, remarquèrent à peine les deux bateaux et leur fanions Make Atrocities Great Again, pas plus que les 12 types maigres qui débarquèrent sur des passerelles articulées, tout en noir et rouge, mais sans trop se presser, relevant le gros employé endormi pour le poser au passage délicatement sur une chaise de camping, son chapeau vissé sur la tête, bien calé de chaque côté par ses jambes aussi longues que larges et de suivre à pas léger le chemin du port qui menait au bureau de location de véhicules surmonté d'un immense panneau aux couleurs du pays au milieu duquel était représenté un énorme radiateur de camion qui montrait toutes ses dents chromées. Les rastaricains en effet aimaient les camions, les golfs, les chiens et les couleurs vives.
Le président Pompe était dans son bureau avec un copain devant la télévision lorsque le téléphone sonna sur son bureau. Levant son gros derrière, aggripant le combiné plaqué or tout en gardant un oeil sur l'écran qui montrait le visage prognate d'un héros de la castagne à ballon, hallo quoi encore, grogne t il je suis devant le match, qui vous dites, ils ont des accrédiations pour entrer mais on les connait pas, ils ont un accent pas d'ici, okay, ils viennent pour un sujet important et ils disent qu'ils ont le code, quoi quel code, quel sujet important si je regarde le match, si c'est pas le roi des Krusses crotte de taureau, comment ça ils viennent de la part du roi des Krusses, aahh je vois parfait parfait parfait et tu sais pas quoi buddy enchaine le président Pompe à son buddy, on va éteindre la télé là parce que là on a un truc bien mieux à faire si toutefois t'as pas vidé tes couilles trop récemment, et même dans l'éventualité t'inquiètes pas le spectacle sera grandiose car c'est un cadeau très spécial de l'ami Frustine, qui arrive juste maintenant comme ça, un grand cadeau multiple, blond, parfumé et expert en toutes choses si tu vois ce que je veux dire.
Plus tard une seconde seringue hypodermique montée en fleche se logea dans le cou dudit buddy qui s'écroula dans un coin ovale du bureau tandis que le président Pompe endossait sa robe de chambre à triple doublure de soie brodée de motifs qu'il croyait martiaux puis, sortant du dressing, se trouva interdit devant un demi cercle de grands hommes immobiles tout ce qu'il y a de moins blond et parfumé, au milieu d'eux un petit monsieur tenant un carnet de note. Le président sentit dans son dos le museau froid d'un object pointu mais pas poilu, en quoi il convint d'arrêter là son plan de courir jusqu'à son bureau pour ... en effet monsieur Pompe, attaqua le petit homme en le designant nonchalamment avec le bout de son crayon à papier, en effet vous pourriez recevoir une décharge électrique de plusieurs milliers de volts si vous vous avisiez de ne pas faire exactement ce que je vous propose de faire. Monsieur Pompe se mit a emboiter les unes dans les autres de grosses phrases pleines de mots désobligeants qui n'avaient à vrai dire ni queue ni tête. Le petit homme au crayon fit non non non avec le crayon tout en faisant tac tac tac avec sa langue et comme le flot de crotte de taureau ne cessait pas un petit hochement de tête déclencha une décharge électrique entre les yeux du dragon de pacotille qu'un assistant en colère avait trouvé à l'aeroport de Séoul dans le rayon du typique-authentique et avait dcon transmis à son gros boeuf de chef comme provenant en droite ligne d'un samouraï coréen héroïque, raison pour laquelle il avait dû disparaitre 8 heures dans la ville à cette fin, dans un bar c'est à dire, tant et si bien que le gros bovidé en question sombra sur la moquette en hoquetant, face contre terre, de la bave mouillant ses grosses lèvres de poisson juste sorti de l'eau.
- Maintenant que l'on peut enfin parler monsieur de Président, au nom du peuple Uchronien je vais m'ouvrir à quelques éclaircissements sur les grandes lignes de notre visite. Voulez vous entendre cela ?
- Trou du cul c'est moi qui fait les quest..
Une décharge électrique plus tard, le petit homme au calpin reprit en ces termes
- Nous venons ici pour effectuer un sondage. Cela ne durera qu'une minute ou deux. Le sondage se résume à trois petites questions. Voulez vous entendre la première maintenant ou bien vous préférez vous l'entendre plus tard en enfer ?
- [ gargouilli ]
- Nous voudrions savoir si la Krussie a bel et bien envahi notre pays comme il nous a bien semblé. Nous autres Uchroniens vivons dans une confusion intellectuelle telle que nous préférons vérifier par deux fois, vous comprenez, si nous existons bien déjà - mais notre partenaire de jeu Krusse ne veut pas répondre à cette question primordiale puisque nous n'existons pas d'après lui - alors ensuite nous nous en remettons à vous pour savoir si tout en n'existant pas éventuellement nous n'aurions pas été cependant envahis par qui vous savez, car dans ce cas, si vous pouviez me le confirmer ici, considérant que vous téléphonez régulièrement à ces gens pour causer de choses et d'autres, tel que le partage de nos sous sols et les plans blondes - ainsi que nos services d'écoute inexistante ont cru comprendre - cela nous aiderait à croire en peu plus en nous et éventuellement aussi un peu en vous monsieur le Président. Je vous laisse un moment pour réfléchir, ne vous inquiétez pas, vous n'êtes plus filmés, la télévision est éteinte, mettez vous à l'aise....
Malheureusement le président, en héros Rastaricain qu'il était, ne comprit pas bien la question à cause qu'elle était pas claire du tout, se dit il. Tel qu'il était assis, hébété, les yeux fous, cheveux en bataille, ses gigots écartés à la manière d'une grosse poupée, il jugea plutôt opportun de demander s'il pourrait avoir un Quiet Coke en attendant de reprendre ce show et puis s'il avait été bon cette fois ci, s'il pouvait aussi connaitre le nom du producteur, qu'il comptait le nommer directeur à la culture tout de suite après et virer celui qui avait monté son assassinat, ce looser sans imagination.
Le petit homme au carnet fit une croix dans son carnet, qu'il présentat au président. Ok, vous êtes engagé, vous devez juste signer en dessous de cette phrase qui explique que la guerre de Troie n'a pas eu lieu. Si vous ne savez pas écrire vous pouvez seulement repasser la croix avec ce feutre et ce sera bon pour nous.
Il tira un feutre de sa poche tandis que les autres hommes s'approchèrent en applaudissant.
- okay, c'est bon mais pour mon quiet coke, les gars ? Je trouve que ça va trop loin. C'est un super show okay mais vous pourriez avoir un peu de respect pour celui qui fera de vous des millionnaires okay ?
- Les amis, déclara le petit homme dans un mélange d'Uchronien et de Rastaricain, nous venons d'avoir la confirmation que nous n'existons pas. Qui saurait en vouloir à des fantômes ?
En lieu et place du Quiet Coke, on fourra le président rastaricain dans un grande malle qu'on fit rouler jusqu'aux véhicules accrédités, puis jusqu'aux bateaux, sans oublier de déplacer légèrement le chapeau du garde côte afin qu'il n'attape pas un coup de soleil, puis jusqu'au sous marin de location puis jusqu'au porte hélicoptère prêté par un ami, où l'on hissa avec beaucoup de peine la malle du président rastaricain en train de se réveiller de ce qu'il prenait pour un des pires rêves de sa vie, et cela jusqu'au milieu de l'Océan à quatre mille sept cent pieds dans un hélicoptère blanc comme le jour, où l'on ouvra la porte coulissante à côté de laquelle se trouvait le petit homme avec son carnet, désormais en tenue de garagiste, avec casque marine sur la tête et insignes de l'Uchronie, qui hurla encore quelque chose au président rastaricain tenu entre deux autres types pas très doux, s'IL VOULAIT ENCORE REPONDRE A UNE DERNIERE QUESTION AU SUJET DE ROUSTAFA BEN KRAKEN, S'IL SAVAIT PAR HASARD SI VRAIMENT SES COLLEGUES L'AVAIT BALANCE A LA FLOTTE AU LIEU DE LUI POSER DES QUESTIONS, après quoi on vit à la surface de la mer le président des Rasta Unis former une toute petite dépression blanche mais ce qu'il y avait de plus simple, une forme bien propre, bien nette, comme une crêpe au sucre. Alors on contempla cela un moment depuis l'hélicoptère en hochant la tête. Pour une fois, il n'a pas exagéré, dites, marmonna le chef.