Mon hardcore mis à nu.
On s'extasie au sujet de la dite intelligence artificielle.
En effet on peut.
Posséder un système capable de situer le discours de chacun dans le graphe de l'idiotie, voilà qui devrait réjouir tout ceux qui aiment le silence. Réduit au silence par la constante péréquation statistique de mon discours pile au milieu du nuage analysé par le système, le monde soudain se tait. Tout n'est plus que silence et sérénité. Humilié par son image dans le miroir des algos, chacun entreprend de réfléchir avant de parler, de peser un peu plus ses mots, de taire dans les grandes largeurs.
Mais non ne t'inquiète pas, je plaisante, bien sûr que tout le monde va se jeter sur les formes littéralement éculées et nourrir la machine avec une bouillie inflationnelle. Et même contempler le gras sur le ventre du discours pris en flagrant délit d'ineptie et nommer cela la danse, avec fierté. Allons tous nous faire foutre bande de caca contents.
Cela posé, l'invention permet également autre chose de plus intéressant que dévoiler l'essence du fascisme, c'est comprendre les américains.
L'utilitarisme les conduit a voir le monde comme une forme technologique non aboutie. Avec quelques efforts formels il est possible de dévoiler les mécanismes et par conséquent les reproduire de manière synthétique, ce qui au bout du compte permet de préserver l'état de loisir des choses. Un ensemble de machines et de programmes fait le travail pour que je puisse avoir le loisir de me mettre devant la télévision et regarder le sport tout mangeant des chips. Un ensemble de machines ira retirer les chips accumulées à l'intérieur de mes veines, si j'ai de l'argent, cela s'entend, et un ensemble de machines ira faire la guerre à quiconque irait contre cet état des choses.
La science américaine va donc devoir formuler cela de manière acceptable pour les besoins du commerce ou de ce qu'on voudra du moment que cela ne gêne pas l'exercice du vide.
Soit donc le modèle linguistique défini par les probabilités d'occurence d'une phrase conformément au bavardage universel visible sur internet.
Soit la phrase - L'éléphant s'envole vers la lune.
Les américains vont dire que si leur modèle computationnel a déterminé que cette phrase était probablement fausse, dans la mesure où les éléphants, les fusées, la lune et ainsi du suite, alors cela démontre qu'en proposant à l'opposé des phrases qui font sens pour l'expérience médiane, on a découvert tout la fois la fabrique du sens et le sens lui même. Quand dire c'est faire, comme disait l'autre alors faire c'est dire, va t on ajouter dans pas longtemps. De fait il est donc possible d'analyser les voies par lesquelles le bruit se transforme en sens, puis formaliser des règles universelles pour la production des énoncés, trouver ce faisant une manière moins brouillonne d'arriver à ces conclusions sur le sens puis appliquer la recette formelle partout. Mon frigo ira faire les courses avec la liste de mes souhaits probables pendant que je m'occuperai de ce qui m'intéresse probablement, tel que les chips et la télévision. Des drones lointains ferons le tri automatique pendant ce temps là entre les pauvres réduits à l'état de pixels qui en veulent probablement à ma liberté, tac poum, ratatiné la sale gueule, et les pauvres qui peuvent me servir ou qui souhaitent collaborer, eux, pourront être engagés en vue de péréniser ce sens désormais établi scientifiquement.
En ce sens, cette invention (qui en réalité existe à l'état de concept depuis 30 ans) au moins pourra avoir ce mérite de tirer un trait final sur cette idée qu'une sorte de majorité pourrait vraiment vouloir conduire sa vie de manière responsable, c'est à dire avec la conscience d'aller dans le décor.