Faut il écouter Placido Domingo ?
Ecouter Placido Domingo ou ne pas ecouter Placido Domingo, voilà au moins une question possible parmi toutes les questions les plus incroyables.
La réponse rapide est non. La réponse élaborée demande des compétences linguistiques que seul ce blog peut aborder sans risque de claquage de cervelle, mais les aficionados au cœur sensible peuvent aussitôt briser là.
Nous passons à la réponse élaborée.
La population des écouteurs de musique se répartit généralement en deux groupes aux bords très nets. Il y a d'un côté les gens qui écoutent la musique qui vient du chant et ceux qui écoutent la musique qui vient de la musique. Tous ont également le droit de respirer sous le soleil. Ce n'est pas parce qu'on à aime voir la luette d'untel vibrer dans un nuage de laque capillaire qu'on est forcément un être grossier. Il y a des amateurs de luettes vibrantes qui mangent bio, roulent à vélo, trient leurs emballages, paient leur impôts et avec ça pas un mot plus au que l'autre. Vous pourriez en croiser des centaines dans la rue sans le savoir. Vous voyez cet homme élégant passer dans son costume en velours aux commandes d'un velo hollandais comportant un sticker non au nucléaire tatouté sur son cadre et vous ignorer qu'il va rentrer chez lui, poser ses petites affaires, effectuer le ménage dans le salon et se poser ensuite tranquillement pour écouter avec délice un appareil musical cracher de la luette vibrante à pleins poumons. Et de poursuivre peut-être l'affaire jusque sous sa douche où il va se terminer dans un flot jaillissant d'éclats de voix et de gargouilements humides. C'est ainsi.
Cela posé si vous aussi vous vous demander s'il est souhaitable d'écouter Placido Domingo d'une manière ou d'une autre, je vous le déconseillerais formellement en ceci que la traduction de Placido Domingo en français est intolérable. Je ne souhaite à personne un dimanche placide. Les dimanches placides sont intolérables. On ne se relève pas aisément d'un dimanche placide. On se laisser aller une fois, puis deux fois à un dimanche placide et c'est lentement toute la cognition qui fuit par les trous de la tête, par les oreilles, par le nez, par la bouche et la luette et ensuite il est trop tard, la vie a coulé de dimanches placides en dimanches placides, tout est fini, on est mûr pour entendre Wagner sonner le glas.