reponse à tout ---- 05 Jul 2021
 

Faut-il croire que les extra-terrestre nous visitent ?

 

La semaine dernière les américains devaient rendre public un état des lieux de leur connaissances aux sujets des objets dit volants et pas tout à fait fait identifiés voir même pas du tout.

C'est l'occasion rêvée de se remettre à jour sur la question. Un bon décrassage de printemps sur les soucoupes volante ne peut faire de mal à personne. Surtout si elles existent. Qu'allez vous dire à l'alien qui vous fera signe au fond d'une forêt si vous n'avez pas prévu un minimum votre discours et que soudain vous vous trouvez en position de devoir faire honneur à votre espèce ? Hein ? Que vont penser les gens si vous n'avez pas quelques formules de Sophocle en tête ? Qu'allez vous donc pouvoir bafouiller ? Le sens de l'hospitalité s'est diablement perdu. Au lieu d'un bon gigot aux figues l'alien n'aura probablement que des mots pour la peine de son voyage. Ainsi soit il citadin sans culte ni ombre mais lis moi bien si tu veux survivre au rayons lasers de la bête courroucée.

Donc les soucoupes volantes. Constituent elles un objet ou un sujet d'études ? C'est la question préliminaire. On peut commencer par l'objet pour se simplifier l'examen du sujet, je propose.

Les OVNIs sont avant tout objet social qui possède depuis 70 ans au moins, toute une histoire. Peu importe le phénomène pourvu que puissiez détecter chez les amateurs du sujet, cette folie particulière qui les rend plus distrayant à entendre que n'importe quelle histoire de science fiction. Ufologue est leur nom et le discours est leur passion. Écoutons attentivement ce qu'ils racontent et observons ce qu'il reste quand ils ont dévidé le rouet de leur histoires. A ce point gagnons du temps. J'ai écouté pour les besoins de ce reportage subtil autant qu'utile quelques heures fameuses d'Ufologues respectables. D'où il ressort principalement que les ufologues ne sont guères différents des sophistes classiques. Leur démarche sceptique s'arrête en effet pour eux à l'endroit où leur capacité de raisonnement les empêche d'avancer davantage. C'est du reste ce qu'ils semblent rechercher. Ou pour le dire plus précisément ce n'est pas ce qu'ils cherchent à éviter à tout prix et cela les distingue tous de scientifiques et autres philosophes disons, modernes. Est frappant également leur capacité à se placer toutefois eux mêmes dans une démarche sceptique dès lors qu'est grand le nombre de leurs coreligionnaires aspirant à la croyance qui développent des argumentaires plus simples que les leurs. 'Ah regardez moi ces fous furieux qui tombent pour le premier premier récit d'enlèvement par des soucoupes volantes tandis que je ne me fie moi qu'aux rapports militaires' ... Ainsi se moque l'ufologue rationaliste qui, un quart d'heure plus tard, va entamer une discussion sur les technologies employées par les visiteurs de l'espace. Ils vivent en effet dans un monde social où la faculté de se raconter des histoires est inversement proportionnelle à la pression dialectique de leurs pairs. C'est une sorte de privilège, je pense, de pouvoir ainsi exercer son jugement sans que l'ombre de Platon, Kant ou Einstein ne vienne jamais troubler la bonne marche des affaires.
Et que reste t il donc quand on a écrémé les arguments de toutes les folies ?

Eh bien il reste un tas de gens très souvent américains, très souvent techniciens, qui pensent que par exclusion de toute autre hypothèse qui leur soit accessible, les signes incompréhensibles qui sont perçus par un œil, une caméra ou un radar, constituent la première preuve que 1 il s'agit d'objets et 2 que ces objets ne sont pas naturels 3 que ces objets sont pilotés.

L'ensemble des arguments qui permettent de conclure cela repose par ailleurs sur plusieurs éléments

  • il existe un argument d'autorité pour établir la vraisemblance et l'interprétation d'un évènement perçu. Le fait d'être pilote, ingénieur ou militaire haut placé exclut d'être déraisonnable ou le jouet de ses propres fictions.
  • les biais psychologiques n'existent pas non plus. Si plusieurs observations ont lieu dans le même endroit par des gens qui ne se connaissent pas, c'est que la chose observée est non seulement la même mais vraie.

Évidemment quand des militaires se mettent ensembles pour dire qu'ils ont vus et croient en la même chose, alors c'est le moment d’épiphanie pour l'ufologue.

Pour croire aux extraterrestres vous ferez tout aussi bien d'écouter les ufologues plutôt que des commentaires de première ou seconde main. Car considérés sous cet angle, les extra terrestres sont bien plus convaincants. Nul besoin d'existence pour avoir une essence. Le carburant précède l'ovni. Tout comme le récit sur la pêche précède le poisson. Écoutez le pêcheur parler plutôt que le poisson. Et est ce qu'il va enfiler des perles encore longtemps ce type ? Non non.

Et maintenant comme objet ? Que dois-je faire docteur ? N'est il pas vrai que des phénomènes existent et que l'existence de ces phénomènes pourraient me dispenser de descendre les poubelles ou de remplir ma déclaration de revenus tout de suite ? Cela est vrai. Remplir sa déclaration d'impôts peut toujours attendre que la licorne soit peignée et les elfes consolés de leur terreurs sylvestres.

Mais sur le fond, même si le phénomène existe, car même les licornes existent en tant que phénomène, ce qui peut être raisonné sans disjoncter sur le sujet est malheureusement assez court.

Vous prenez une casserole et vous y faites revenir tous les cas d'ovni à feu vif. Il vous en reste une poignée qui ne relèvent pas de phénomènes hallucinatoires collectifs ou individuels ou bien d'une erreur d'appréciation.

Ensuite soit vous êtes américain soit non. Si vous êtes américain vous pensez que la réalité a des contours suffisamment nets pour se confondre avec une sorte de concept nommé généralement vérité. Il se peut par conséquent que les américains en viennent à affirmer, sur la base des cas inexplicables par la logique en cours ou par la science, que ces cas d'observation d'ovni correspondent non pas à la perception commune d'un phénomène réel dont la matérialité est contestable mais à un phénomène réel dans sa matérialité car validé par la perception commune en ce qu'elle est vérifiée à la fois par des personnes qui ont passé avec succès le test de mensonge et par des radars qui ne peuvent pas mentir simultanément. Et par la suite puisqu'americain, il y a le choix entre ou bien la religion ou bien la science appliquée. La religion étant exclue du domaine on va dire que le phénomène relève donc de la technologie. Technologie réelle si ces gens produisent une soucoupe volante conservée dans un hangar depuis un demi siècle par des zombies hagards au milieu des brouillards, o miracle, ou bien technologie fantasmée, ce qui paraît plus vraisemblable venant de ces amateurs d'armes.

Si vous êtes non américain vous pourriez vous dire et même si cela défie le bon sens commun, qu'avant avant d'établir la matérialité d'un objet que l'on a pas touché ni de près ni de loin il faut pouvoir ne plus douter de ses différences catégorielles avec ce qui définit un objet que l'on aurait touché de manière constante. Il ne suffit pas de l'observer. Et comme il existe un nombre très grand d'éléments connus qui rendent hautement improbable l'existence de ces objets en tant qu'objet inconnus, il faut commencer par déployer à leur encontre tout ce qui les empêche d'exister. Quelque chose qui se déplacerait sans bruit, selon des trajectoires impossibles et disparaîtrait en un clin d'œil sans laisser de trace. C'est la description exacte d'un corps flottant à la surface de mon œil. Si ce n'est pas le cas, toute autre hypothèse qui ne serait pas atmosphérique ou prosaïque force la raison à de violents claquements de cervelle.

Voilà où j'arrive. Je suis votre prof de claque cervelle. On bande bien le muscle de la passion méningée, on s'épice le biscuit du connaissable notable, on se prend bien le bulbe en otage et en avant la pétarade.

Si les phénomènes sont technologiques (car vous êtes américain) ce sont des soucoupes volantes et si elles sont pilotées alors il faut postuler bien évidemment que le modèle de la relativité générale puisse être amendé ou invalidé. La vitesse maximale autorisée serait supérieure à ce qu'annonce la compagnie des wagon lits.

S'il s'agit de phénomènes physiques sans rapport avec une quelconque intelligence, car vous n'êtes pas américain, alors c'est sans doute un accroc moins grave dans le tissu de connaissance mais un petit trou quand même. On postulerait par exemple des sortes d'orages de la physique qui exposeraient à une échelle improbable des phénomènes qui ne sont pas impossibles à l'échelle quantique.

En ramassant les deux hypothèses dans un grand mouvement œcuménique plein d'amour et d'empathie pour l'espèce, on postulerait l'existence d'un au delà technologique, d'une exploitation impensable pour nous par des formes d'intelligence littéralement indescriptibles d'un ensemble de propriétés physiques réelles qui rompent d'un coup avec ce que nous supposons sur l'espace et sur le temps en tant qu'espace intrinsèque. Dans cette hypothèse les cas d'observation constitueraient à la fois un phénomène naturel inouï ET la démonstration de ce phénomène par des intelligences inouïes. Cela fait beaucoup. Nous serions dans la position de l'indigène qui verrait d'un coup un avion et un homme blanc.

Pour ce qui concerne l'imbécile qui pousse ici la flamme dans le flambeau, je pense que des principes naturels très superficiels peuvent expliquer les phénomènes qui restent quand on a éliminé les poussière dans l'œil, les court circuit dans le cerveau et les fantasmes américains et ces phénomènes peuvent coexister bien sûr avec l'hypothèse qu'il existe dans l'univers beaucoup plus de mondes habités possibles que d'idiots sur cette terre.

Et tout cela, au fond, contrairement à l'idée reçue, est mortellement ennuyeux. Aussi ennuyeux que la mort pour être plus précis. Penser que l'histoire de son trou du cul n'a pas plus d'épaisseur qu'un pet tandis que dans le même temps des millions de mondes existent sans qu'ils n'aient non plus, tous pets cumulé,  plus d'importance, c'est ennuyeux.

Ce qui est distrayant en revanche c'est de décrire les licornes en pleine connaissance d'absence de cause car c'est la seule chose que nous possédions pleinement. Nous sommes maîtres et possesseurs des licornes et des aliens.  Donc il faut croire aux Ovnis de mon point de vue, seulement pour les besoins de la narration et aussi de la science. Voyez un peu les gros titres dans un journal du siècle prochain;  l'observation d'un phénomène physique attribué à des extra terrestres toujours introuvables conduit un physicien à inventer la propulsion quantique. Et soudain les poubelles pleines de plastiques de mes arrières petits enfants arriérés descendent les étages toutes seules dans un trou de l'espace temps. Joie subtile.

Si je n'étais pas si occupé à regarder le ciel, je décrirais volontiers les Ovnis par le menu, sous toutes les absences de coutures.

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