l-actualité-comme-si-vous-y-êtiez ---- 30 Oct 2020
 

On ne doit pas mourir

 

Nous sommes réunis aujourd'hui autour d'un verre, allons nous dire, par goût pour l'euphémisme, en vue d'élaborer une théorie valable pour la santé publique au siècle des boutiques reines.

Le ci devant Jean Paul s'avance avec un verre de bienvenue qui se trouve être au moins le sixième sans que nous puissions tout à fait en juger dans la mesure, allons nous dire, où nous sommes déjà arrivé ici il y a plus qu'un petit moment.

  • mais vous, Jean Paul, si vous permettez que je vous vouvoie pour les besoins de l'art

  • quoi, l'art fait ses besoins maintenant ?

  • Jean Paul sois sérieux car il s'agit d'une interview de la plus haute importance sur des sujets grave qui préoccupent le monde

  • danska, accouche ma plouche

  • Donc c'est le dernier jour d'ouverture de ce bar et j'ai envie de vous demander

  • j'ai envie de vous répondre que non

  • j'ai envie de vous demander si vous possédez une théorie pour le covid-19 aussi développée que votre théorie sur les femmes, les arabes, les voitures, les cons, les hommes politiques, les impôts, la macro économie et la maquereaux économie, les méthodes de pêche à la mouche, la procréation assistée par ordinateur ou Vladimir Poutine

  • oui, en effet, cette théorie je la possède et elle me possède et je pourrais m'en aller par les chemins les plus traverses pour vous en dessiner les ombres les plus perverses

  • Jean Paul, je suis une truite et je me tiens sage à mi ruisseau, dans un contre courant lumineux, sous votre ombre auguste dans l'attente émue de vos plus fières démonstrations

  • eh bien voilà en un mot je désapprouve complètement l'idée qu'il nous faille attendre en prison notre petit tour de piste COVID 19 sous le prétexte que le cirque n'a pas les moyens d'accueillir plus de quelques milliers de guignols à la fois

  • ah oui, Jean Paul, en effet, je reconnais là votre penchant libertaro fasciste et je me permets, je brûle de vous demander, si vous ne trouvez pas tout de même cette idée un peu violente. Nous allons donc laisser d'après vous des personnes mourir dans les couloirs des hopitaux parce qu'il manque de place pour les soigner ? N'y a t il donc pas des principes comme quoi nous devrions essayer de soigner tout le monde dès l'instant que la technique nous le permet ?

  • La technique nous permet 10 fois plus que ce que nous faisons et ma cervelle pleine de Picon est capable d'effectuer un nombre d'opérations en une seconde qui se trouve être supérieur à tout ce que je calculerai vraiment pendant tout ma vie de Picon avec ma vraie gueule que tu as là devant toi. Donc ma gueule c'est la réalité et ma cervelle c'est la fiction. En vrai de vrai comme je te vois, la réalité des maladies est alignée sur tout le reste, c'est le pognon et c'est pas la technique qui organise les choses

  • Et donc ça justifie de laisser les gens mourir ?

  • Meuh non, nous avons des principes, comme il dit le roi, depuis sa chaise en or et c'est important les principes pour faire tenir sage tout un peuple un peu perdu. Ce n'est pas nos valeurs nous explique cet homme, de laisser mourir les gens. Si bien qu'au nom des valeurs les gars vous allez rester le plus possible dans vos piaules. Tout le monde s'en trouvera mieux, vous verrez. Rapellez vous bien la consigne un mort après l'autre, faites des tee shirts avec, envoyer cette parole à vos proches, tout en respectant la distanciation et en vous lavant bien le main, bien sûr, et vous aussi vous sauverez des vies. Faut pas pousser les gars, qu'il dit le petit gars, doucement les morts, doucement la mort, hola, mère Ubu, le cheval s'emballe.

  • Mais Jean Paul vous ne répondez pas à la question, vous voulez donc que les gens meurent seuls, sans soin ?

  • Meuh non, je suis un bon citoyen, je me lave les mains et je respecte les gestes barrière, on ne peut pas croire que je sois un alcoolique qui boit pour supporter ce genre de questions à la con, non, surtout ne croyez pas cela. Car j'adopte la positive attitude comme dit la voix dans le train et en aucune manière vais-je me mêler du fonctionnement de l'hopital puisque je suis juste Jean Paul Picon, en aucune manière vais-je me demander comment en nomant des cost killers à la tête de toutes les institutions publiques qui restent après que toutes les évasions fiscale ont eu lieu, il peut se faire qu'à la fin il faille choisir entre sauver un cancéreux passé de mode ou un digne titulaire de la peste du moment, non je ne vais pas dire ce que je n'ai pas dit ni même pensé sur l'hypocrisie foncière des grands principes du soin universel rapporté à la réalité de ma petite gueule de prochain cancéreux des tuyaux qui ne connaitra pas les bonnes personnes bien placées pour accélerer un peu la programmation de mon sauvetage à l'hopital, non, mon pote, tout cela, je ne le dirai pas, je vais juste boire à la santé de la santé et affirmer que s'il ne tenait qu'à moi, on laisserait toutes ces infections rouler leur chemin et une fois tous les morts morts, nous les aurions oublié bien vite jusqu'à la prochaine peste et autres catastrophes dénuées d'originalité.

  • Mais Jean Paul, ces humeurs funestes, ce n'est pas bon pour votre foie. Si vous êtes si critique, avez vous peut-être quelque chose de meilleur à opposer ?

  • Non, bien sûr que non. C'est comme pour les femmes.

  • C'est à dire Jean Paul ?

  • J'ai dit ça, j'ai rien dit.

  • Comme vous être mystérieux tout à coup.

  • En effet.

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