C'est quoi cette rubrique ?
C'est un journal retro putatif écrit aujourd'hui pour des évènements datant d'il y a mille ans. Tous les jours je pense à ce que j'aurais écrit dans mon journal il y a 30 ans. Si la vie est un gruyère, seuls les trous sont ici évoqués.
La difficulté d'être français
Comme je me trouvais dans un bled de France pour des affaires dérisoires et administratives, que je longeais plusieurs cafés des sports et autres demis salons de thés de province, de l'intérieur desquels émanait cette odeur caractéristique d'humidité lourde mélangée à l'ennui des après midis oisifs et à des propos bas de plafond tenus je présume par des pilliers obèses sur le point d'élire des fascistes sans avoir connu l'ombre d'un problème dans leur bled, je présume encore, je distinguais à travers les vitrines une affaire de grands parents et de vacances en Italie. En Italie, d'où provenait les seuls gens sympathiques de ma famille, les bars de provinces me paraissaient plus riants et c'est ainsi que sous Sarcrozie, mes deux grands parents italiens d'origine avaient connu toutes les misères et toutes les humiliations pour renouveler leur documents d'identité. A quatre-vingt ans il leur fallait démontrer qu'ils étaient français. Leur séjour de 50 ans au royaume des Francs n'étaient donc pas suffisant. Les rois Francs, avec leurs tee shirts républicains qui déchirent, leur grands principes qui tournent en boucle sur toutes les pistes de danse de la démocratie éclairée, en étaient donc à traumatiser des vieillards et moi de plaisanter sur le sujet, sur l'espoir vague de perdre par voie de conséquence mon affiliation naturelle à l'esprit veule des bars francs, devoir ainsi partir d'où ils venaient, mes aieux, et siroter des coquetelles italiens dans ces mêmes bars riants que j'avais vu les après midis ensoleillées et tout cela. On ne va pas sortir la vespa non plus, je sais bien qu'il est facho aussi le populo de ces bars là, mais l'illusion fond moins vite au soleil, c'est entendu. Et donc bref, n'est ce pas finalement ce qui est arrivé ? Sans la contrainte, sans que personne ne me demande si j'ai eu le papier à la fête foraine, certes, mais cependant avec le sentiment très, très net de ce qu'aurait pu être cette contrainte si je n'avais pas eu l'honneur d'être entré dans ce jeu de quille au bon moment de l'histoire. Pour honorer désormais la mémoire de ces gens de rien, je songe à demander la paradoxale nationalité germaine, ou personne, pour l'instant, n'en veut à personne. Note pour plus tard cependant: se renseigner sur la recette du pain sans levain au cas où je devrais filer de ce bled encore. Note pour encore plus tard: si la déflection du réel dans les sociétés vides donne a ce point l'idée aux êtres vides que l'idée du plein c'est un bouc émissaire, alors rendez moi plutôt les sacrifices de vierges sur la place publique.